Excursion aux greniers berbères au Maroc

Pourquoi visiter les greniers collectifs au Maroc ?

1- Combattre la désertification et le dépeuplement rural en restaurant les anciens réseaux de solidarité communautaire

Démarrez la visite des greniers pour combattre la désertification. Mais pas que, c’est aussi utile pour éviter le dépeuplement rural. En effet, ce fléau est combattu grâce à la restauration des anciens réseaux de solidarité communautaire.

Pendant des siècles, le peuple nomade amazigh a ciselé agadir (« grenier ») dans ces imposantes roches rouges.

D’ailleurs c’est un point marquant qui illustre les innovations sociales et techniques de ces tribus dites berbères. Bien évidemment les igoudar (pluriel d’agadir) ont été construits à l’origine pour protéger leur blé. L’objectif était également de protéger leurs dattes et leurs épices ainsi que leur argent, leurs bijoux…Avec aussi leurs tapis des inondations, des bandits et des affrontements tribaux. Ces grottes de stockage profondes étaient scellées avec des serrures métalliques colossales sur des portes en bois de palmier.

Au fil du temps, les igoudar ont évolué en communautés de l’Anti-Atlas organisées autour de cette institution. Cette dernière a imprégné la civilisation amazighe, de la Libye aux îles Canaries. Il est vrai que ces greniers abritaient la récolte annuelle d’une communauté, ce qui a donné lieu à des marchés animés à côté. Par exemple, dans les temps les plus incertains, les igoudar ont servi de forteresses inattaquables. Grâce à cela ils affrontaient les tempêtes des conflits tribaux ou des querelles interfamiliales.

Aujourd’hui, cette pratique ancienne ne perdure que dans la région marocaine de Souss-Massa.

2- Apprendre du passé marocain

Ensuite, la résistance contre la colonisation française a eu un impact sur l’inclusion des Amazighs. Par exemple cet impact est maqruant dans le développement des infrastructures de l’État et l’économie du tourisme. En fait, le patrimoine amazigh n’a même pas été reconnu comme faisant partie du patrimoine marocain jusqu’en 2011. De plus, cette région reculée continue de souffrir d’un manque d’investissements et d’opportunités économiques. Ainsi cela entraîne une émigration massive. Dans un contexte de diminution de la diversité, ces paysages historiques uniques sont menacés, tout comme les identités culturelles et la cohésion des communautés rurales.

Les igoudar restent un symbole puissant des sociétés amazighes. Tandis que les bâtiments individuels démontrent le génie des constructeurs locaux, le Fonds du patrimoine mondial s’est associé à un projet de cinq ans pour conserver ces greniers communaux. Aussi, ils sont en partenariat avec le conseil régional de Souss-Massa et ANDZOA, l’autorité de développement local du gouvernement du Maroc. Le projet de conservation des greniers, centré sur la restauration du patrimoine matériel et immatériel des communautés amazighes, a démarré avec cinq igoudar pilotes de caractères architecturaux et historiques variés.

Quels types de greniers visiter ?

Au sud du Maroc, il existe plusieurs sortes de greniers :

• greniers placés sur des pitons rocheux
• grenier de falaise/grotte
• grenier au sol quadrangulaire
• grenier des oasis

Comme ces greniers sont disséminés dans toute la région de l’Anti-Atlas, il est difficile de tout découvrir.

Le grenier Inoumar

En premier lieu, ce grenier a 400 ans (construit en 1751). Il date de la dynastie alaouite, du règne du sultan Moulay Ismaïl. Le grenier est situé en contrebas de la colline. Et il est le plus grand grenier collectif de l’Anti-Atlaswill occidental. En outre, le grenier était « banque » de 11 villages environnants des tribus Souss Massa. 

Par ailleurs, le grenier contient non seulement 295 chambres/salles de stockage. Cependant, il est également possible de visiter une mosquée, une salle de réunion et un petit marché. Il est vrai que le détenteur de la clé du grenier, Hassan, pourra vous proposer un petit tour. Finalement, ce grenier a été rénové et dispose même d’un toilette standard pour les visiteurs.

Agadir Imchguiguiln

Dans un second temps, je vous propose de vous rendre dans un autre grenier – Agadir Imchguiguiln. Ce grenier vieux de 750 ans est considéré comme l’un des plus anciens « igoudar » de la région. Construit au XIIIe siècle, de récents travaux de réhabilitation ont permis de rénover une trentaine de chambres, la place centrale, une mosquée et des dépendances. Et, le guide du grenier Mbarak vous présentera l’histoire du grenier et de ses environs. 

En conclusion, au total, le grenier comprend 131 chambres appartenant au village. Même qu’il y a une petite salle de prison pour ceux qui ont enfreint les règles dans le passé.

Pour terminer l’histoire des greniers berbères au Maroc, le ministère marocain de la Culture a lancé un projet visant à classer ces greniers comme patrimoine national et à les inclure dans la liste du patrimoine mondial. J’espère que ce projet aboutira et que les greniers recevront plus d’attention afin de les préserver pour les générations futures.